Certains cheminots se rappellent encore Raoul Dautry : même s’il reste un parfait inconnu pour nombre de Sottevillais, il a énormément œuvré pour la ville de Sotteville.

Raoul Dautry est né à Montluçon le 16 septembre 1880, il est décédé à Lourmarin le 21 août 1951.

Polytechnicien en 1902, il devient immédiatement ingénieur, puis chef de district de la gare de Saint Denis, à la Compagnie du Nord.

Il s’illustre en septembre 1914 dans la mise en place d’un système de circulation des trains permettant aux renforts français d’arriver à temps pour gagner la bataille de la Marne.

En 1917, à la demande du général Foch, il propose une ligne nouvelle partant de Beauvais, assurant le succès de la bataille d’Arras par les alliés.

En 1921, il est nommé ingénieur en chef de l’entretien du réseau Nord.

Il est l’initiateur de nombreuses cités ouvrières, la plus connue, la cité jardin de la ville de Tergnier dans l’Aisne, réservée aux cheminots, a été partiellement détruite par les bombes, ainsi que les installations ferroviaires, en même temps que la ville de Sotteville, dans la nuit du 18 au 19 avril 1944.

C’est en 1928 qu’il est nommé directeur général du réseau de l’Ouest-Etat jusqu’au 1^er janvier 1938, date de la création de la SNCF, dont il devient l’administrateur, ayant refusé le poste de directeur.

D’après Léon Leroy, les cheminots sottevillais apprendront à le connaître lors de ses tournées sur le terrain : il n’était pas rare qu’au petit matin, il débarque, incognito dans une gare. La crainte qu’il inspira reçut le nom de «dautrite».

Il est à l’initiative du renforcement des centres d’apprentissage des jeunes cheminots, notamment celui de Sotteville-lès-Rouen. Ces formations de jeunes existent depuis la fin du XIXème siècle ; la SNCF en héritera en 1938. Sur Sotteville, il a développé et organisé l’apprentissage comme il l’avait fait sur le Réseau Nord. Beaucoup d’apprentis lui doivent d’avoir pu accéder à des carrières d’excellent niveau.

En décembre 1939 il est nommé ministre de l’armement dans le gouvernement du radical Edouard Daladier. À la demande de Frédéric Joliot Curie, il s’illustre pour avoir fait évacuer un stock convoité par les Allemands, celui de l’eau lourde, de la Norvège vers l’Angleterre, le 16 juin 1940. Il est ministre aux côtés de Charles De Gaulle.

On peut le voir jouer son propre rôle de ministre dans le Film, La bataille de l’eau lourde de Jean Dréville, en 1948, avec Frédéric Joliot Curie. L’eau lourde devient un enjeu capital, puisqu’elle agit comme modérateur de neutrons indispensable pour réaliser une pile atomique.

Pendant la période de la guerre 1940-1944, il refuse de rejoindre le gouvernement de Pétain. Il reprend ses activités ferroviaires, notamment à la Compagnie Internationale des wagons-lits et à la Société générale des chemins de fer économiques.

À la sortie de la guerre, il est nommé, par Charles de Gaulle, alors président du gouvernement provisoire, ministre de la reconstruction et de l’urbanisme, de novembre 1944 à janvier 1946.

Raoul Dautry connaît bien Sotteville-lès-Rouen : il souhaite le meilleur architecte-urbaniste pour reconstruire la ville. Il désignera Marcel Lods qu’il a rencontré aux Etats Unis, impressionnés, tous deux, par l’aménagement de la vallée du Tennessee.

Marcel Lods sera nommé architecte et urbaniste sur les zones de Sotteville, Saint Etienne du Rouvray et Elbeuf. Auguste Perret, lui, sera retenu pour reconstruire Le Havre.

Raoul Dautry a la fibre sociale : il souhaitait, avant-guerre, que le château des Marettes soit transformé en centre social et sportif pour les cheminots. Ce projet ne sera pas réalisé.

C’était un homme vanté pour son courage ; cependant, certains voyaient en lui, quelqu’un d’autoritaire, voire de violent avec ses collaborateurs. Personnalité narcissique, il n’hésitait pas à communiquer, le premier, sur ses réalisations.

Il termine sa vie en 1951, comme maire de Lourmarin, petite ville du Vaucluse.