Petit résumé de l’histoire de Sotteville-lès-Rouen

C’est par ce résumé qu’il faut commencer pour comprendre l’essentiel de l’histoire sottevillaise et la métamorphose de Sotteville-lès-Rouen au fil du temps.
Vous pourrez ensuite affiner la chronologie avec la liste des dates et explorer l’ensemble des sujets traités, dont les articles « Repères ».
Bonne découverte !

Les origines…

Le nom « Sotteville » pourrait être le fait d’ Henri IV qui aurait lancé « Oh quelle sotte ville ! », et le dicton « Sotte ville, sottes gens » en aurait découlé, mais c’est l’hypothèse la moins probable et la moins flatteuse pour nous, Sottevillais ! En revanche, en latin, « villa » signifie « exploitation agricole », ce qui confirme que Sotteville était à l’origine le lieu-dit d’une ferme, Sotteville est « la ferme de Soti », Soti ayant pu être le fondateur de cette ferme, nom d’origine Viking, le suffixe « -lès-Rouen » signifiant « près de Rouen ».

C’est le long de la rue de Paris que la ville a commencé à se développer au XIème siècle, dans le quartier de l’actuelle église Notre Dame de l’Assomption. Des vestiges romains qui dateraient du IVème siècle ont aussi été découverts dans le quartier de Quatre-Mares.

L’extension et l’industrialisation…

L’activité de Sotteville était jusqu’alors agricole, mais au début du XIXème siècle, l’industrie fait son apparition avec le développement des usines textiles : plusieurs petits ateliers virent le jour, puis l’usine Bertel et celle de Prévost-Grenier, installée dans l’ancien couvent de Capucins qui datait de 1597. Mais le 3 mai 1843, c’est l’inauguration du chemin de fer qui va donner à Sotteville sa raison de vivre : l’une des premières grandes lignes mises en service en France est la « Paris-Rouen », qui jusqu’au Havre, en 1847. Elle concentre, à Sotteville, des installations d’entretien, de réparation et de construction ferroviaire aux ateliers Buddicom. La gare de triage puis les ateliers Quatre-Mares ont été construits ensuite pour étendre les activités. Cette nouvelle industrie attire les ouvriers et la ville devient cheminote : sa population a triplé en 30 ans : de 4000 habitants en 1840, elle passe à 12000 en 1870.
En deux siècles, d’un village agricole pauvre au XIXème siècle, la bourgade est passée à une ville de 30000 habitants.

La vie sociale…

mairie NDAssomption

Le centre ville de l’époque se constitue, d’abord avec la construction de la mairie, inaugurée le 9 mai 1841, non loin de l’ancienne église, remplacée en 1863 par l’église Notre Dame de l’Assomption actuelle. Le marché s’installe sur la place de la mairie en 1849. Les commerces se concentrent aussi le long de la rue de la République, de la rue de Paris et autour de la place de la Liberté constituée par l’angle de la rue de Paris et de la rue Pierre Corneille.
La place Voltaire est elle aussi, très vivante. Depuis le XVIème siècle, la culture et la tradition théâtrale y sont très présentes. En 1886, s’ouvre l’une des plus prestigieuses salles de spectacle de l’agglomération : l’Eldorado. Un peu plus tard, on y trouve aussi le cinéma Voltaire à l’entrée de la rue Corneille, premier cinéma moderne de Sotteville.
L’activité sportive prend elle aussi, de l’ampleur et le stade est créé en 1922.
Deux autres églises sont construites à mesure que la ville s’étend : Notre-Dame de Lourdes, dont la première pierre est posée en 1916 et Saint Vincent de Paul. Pour cette dernière, une chapelle provisoire est bâtie en 1920, puis en 1929, la première pierre marque le début de la réalisation de l’édifice actuel.

Sotteville, Cinéma Voltaire et rue P. Corneille

Mais les ouvriers sont pauvres et les conditions de travail, rudes. À partir de 1870, la présence de cheminots britanniques influence la mise en place d’idées réformistes : des associations, des syndicats et de sociétés culturelles voient le jour : la SPED, bibliothèque, Esperanto… Le sport avec la Sottevillaise, la musique, sont aussi au rendez-vous.
Sotteville est l’un des berceaux des progrès sociaux : coopératives ouvrières, mouvement mutualiste… Influencé par la montée du socialisme mondial, le pharmacien Louis Lucas et quelques cheminots créent « La Solidarité Sottevillaise » en 1890 : dans ces magasins, on trouve des produits alimentaires à prix intéressants pour faire face au paternalisme patronal et aux commerçants ligués. Ses activités et ses « succursales » s’étendent bien au delà des limites de la commune, et en 1927 elle prend le nom d’ « Union des coopérateurs de Normandie », les COOP. La Mutualité de Seine-Maritime et la Matmut sont aussi des enfants de la Solidarité Sottevillaise.
Ernest Gahineau est élu en 1898. C’est le 2ème maire socialiste de France.

La guerre et les bombardements…

Du 4 septembre 1939 au 30 août 1944, 38 bombardements allemands puis alliés qui visaient sans beaucoup de précision les cibles stratégiques de la plus grande gare de triage d’Europe réquisitionnée par les Allemands, viennent perturber le trafic ferroviaire et semer la mort et la désolation dans la ville. Celui de la nuit du 18 au 19 avril 1944 est le plus terrible : en trois quarts d’heure, la ville est dévastée, le centre-ville rayé de la carte, la mairie est totalement démolie et l’église a perdu son clocher. 561 victimes sont à déplorer.
Sotteville est libérée le 31 août 1944. Le bilan de la guerre est lourd : 722 morts dont 47 civils fusillés ou morts en déportation. Les deux tiers de la ville sont démolis : sur 7895 maisons, 1814 sont détruites et 3143 gravement endommagées, démolies ensuite pour la plupart. On déplore aussi 18000 sinistrés, dont 3200 qui ont tout perdu.

Mairie de Sotteville et église N.D.Assomption bombardée

La Reconstruction…

Sous l’impulsion de Philippe Lanoux, maire à la Libération, puis de Roland Tafforeau, maire de 1947 à 1983, la Reconstruction de Sotteville est amorcée pour reloger rapidement les milliers de familles résidant provisoirement dans des baraquements ou à l’extérieur de Sotteville. L’architecte-urbaniste Marcel Lods est nommé à Sotteville par Raoul Dautry, ministre de la Reconstruction. Il repense l’ensemble de la ville et crée la Zone Verte, aujourd’hui appelée « Espace Marcel Lods », à l’emplacement de l’ancien centre-ville : 1139 logements ont ainsi été ouverts.

reconstruction sotteville

Le château des Marettes est démoli en 1961 pour construire la nouvelle place de l’Hôtel de Ville. Le domaine des Marettes donnera naissance à deux espaces : d’une part, l’actuelle place de l’Hôtel de Ville, place du marché et, d’autre part, le Bois de la Garenne, infime partie conservée de l’immense domaine boisé qui s’étendait jadis jusqu’à l’avenue du 14 juillet.
Le marché s’installe en 1962 sur la nouvelle place de l’Hôtel de Ville. Il avait été provisoirement transféré dans le Bois de la Garenne et avenue de la Libération en 1959. Depuis le bombardement de la mairie en 1944, il était tout de même resté sur la place.
La mairie avait, elle aussi, été transférée provisoirement au centre hospitalier du Bois Petit et, comme l’avait promis Roland Tafforeau, a été édifiée en dernier lieu : point final à la Reconstruction, l’Hôtel de Ville est inauguré en 1971.
La Reconstruction a tout simplement déplacé le centre ville du quartier N.D. de l’Assomption vers l’actuelle place de l’Hôtel de Ville. Elle a aussi permis une restructuration complète de la ville.
Sur les bords de Seine, la zone industrielle débute son expansion en 1962. Les îles Gad et du Jonquay, anciennement « Ile aux Cerises », sont rattachées à la rive au début des années 70. C’était jusqu’alors l’activité batelière, constituée d’ateliers d’entretien des péniches, et les guinguettes qui faisaient vivre ce quartier d’Eauplet.

Plus récemment…

Depuis la Seconde Guerre Mondiale et la longue période de reconstruction, l’esprit des Sottevillais n’était plus à la culture. Ce ne fut qu’en 1990 que le renouveau culturel apparut : d’abord, le festival des arts de la rue «Viva-Cité», dont «Gare à la fête» fut la première édition. Ensuite, en 1998, dans un ancien bâtiment SNCF, le « Centre National des Arts de la Rue » vit le jour. Ce renouveau culturel se traduisit aussi par l’ouverture en 2004 de la nouvelle bibliothèque, dix fois plus grande que l’ancienne située au sous-sol de l’hôtel de Ville.
Quant aux plus récents changements impactant la physionomie globale de la ville, c’est l’arrivée du « métro » en 1994, dont les travaux avaient commencés en 1991, qui a bouleversé le paysage : toutes les rues qu’il parcourt sont recomposées et élargies, quitte à démolir des maisons et rogner des cours. La station de l’Hôtel de Ville est créée sur le 4ème côté de la place, que la Reconstruction avait laissé vacant.
Plus localement, des démolitions et des constructions à différents endroits dans toute la commune donnent une évolution constante de Sotteville…

Construction métro place Voltaire à Sotteville-lès-Rouen

14 commentaires

  1. Encore un chronique fort intéressante. Merci de votre implication et du partage de votre intérêt pour la cité

    • en plus grand témoin je confirme les dires ci-dessus ayant vécu boulevard du 14 juillet et rue jb gilbert j’ai participé à la reconstruction chez MUSSARD architecte

  2. Quel plaisir de lire sur ma ville natale. Ci-dessous quelques commentaires :

    Dicton « Sotte ville, sottes gens »
    J’ai le souvenir d’avoir toujours entendu notamment chez mes grands-parents (Louis BOISSIERE – 1891/1960 – Ancien secrétaire généra de la mairie) : « Sotte ville sottes gens, belles maisons rien dedans, filles à marier rien à leur donner »

    Sociétés culturelles (la SPED, …
    La SPED était la « Société Populaire d’Études Diverses

    Quelques cheminots créent « La Solidarité Sottevillaise » en 1890
    Mon arrière-grand-père Eugène BOISSIERE (1858-1928) fit partie des créateurs. J’avais encore une bouteille marquée « Solidarité Sottevillaise ».
    Malheureusement c’est en voulant faire une photo de cette bouteille pour vous l’envoyer que je viens de la casser.

    Le Château des Marettes
    Souvenir des années 50 où on allait jouer dans le Bois de la Garenne qui à l’époque était un vrai bois, avec un ancien trou de bombe qui était un bel entonnoir pour s’amuser en vélo.

    • Bonjour Mr Boissière, avez-vous un lien de parenté avec Jean Boissière, et son fils Henri Boissière né à Elbeuf, dirigeant d une entreprise de couverture à Rouen?

      • Bonjour,

        Je n’ai pas de Henri BOISSIERE dans ma généalogie, que vous pouvez consulter sur Geneanet, mais je n’y ai que des ascendants directs)

        J’ai un Jean BOISSIERE au XVIIème siècle né à Epreuville-en-Lieuvain (27)

        Henri BOISSIERE, autant qu’il m’en souvienne, a une rue à son nom près du Rond-Point des Bruyères.

        Appelez moi volontiers au 06 30 35 14 85
        ou par email à gilbert.boissiere@orange.fr

        Cordialement
        Gilbert BOISSIERE

  3. Ce journal est un moment agréable et je le lis avec beaucoup d’enthousiasme. C’est une excellente idée que vous avez eu de créer ce journal de Sotteville et en plus vous êtes un excellent photographe. Je vous adresse toutes mes félicitations car c’est beaucoup de travail je m’en doute.

    Ludovic Freppaz

  4. J’AI BIEN AIMER L’HISTORIQUE DE VOTRE VILLE CELA NE FAIT PAS LOGTEMPS QUE NOUS VIVONT A SOTTEVILLE ,TRES INTERRESSANT,CONTINUER A NOUS DEVOILES VOTRE VILLE…MME THORIN

  5. Merci, merci à vous tous pour les écrits, les photos qui me ramènent 80 ans en arrière. Les maisons de mes parents 80 rue Victor Hugo, celle de mes grands-parents rue Benjamin Franklin économies de toute une vie, mon grand-père propriétaire, n’a rien reçu comme dédommagement, chagrin toute sa vie.

    • il aurait du toucher les dommages de guerre je travaillais à l’époque chez mussard architecte rue v hugo où nous réalisions des reconstructions pavillonnaires de dommage de guerre dans toute la ville

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