De l’école Bayard à la Maison Pour Tous : un bâtiment nous raconte une histoire

Ces 7 et 8 juin 2024, la Maison Pour Tous de Sotteville fête ses 50 ans.
Les festivités ont commencé par une conférence sur l’histoire du lieu, que nous avons présentée hier, le 7 juin à 18h30
et qui a ressemblé 70 personnes.

▲ Daniel Andrieu, qui a présenté la conférence et Jean-Claude Meffre, président de la MPT

Voici aujourd’hui la conférence retranscrite ci-dessous, de manière à ce qu’elle soit accessible à ceux qui n’ont pas pu être présents


Avant la guerre de 1939/1945, il existait deux écoles libres à Sotteville-les-Rouen : une école de filles, l’école Jeanne d’Arc, située en bordure des établissements ferroviaires Buddicom, et une école de garçons appelée l’école Bayard (du nom de Pierre Terrail de Bayard) située rue Victor Hugo. Il y avait, par ailleurs, sept écoles publiques.

▲ Sur ce plan, l’école Jeanne d’Arc est au point 4 et l’école Bayard est au point 9

Leur situation dans la ville les exposait aux bombardements.
L’école Bayard a été bombardée en mars 1943, le bâtiment devint inutilisable. À partir de cette date, les élèves ont occupé la salle des fêtes située sous l’église Notre Dame de Lourdes.
Les enfants des écoles publiques de Sotteville ont été évacués en mars 1943 dans les régions de Gaillon et Aubevoye.

▲ Évacuation de l’école Jean Jaurès

Les deux bombardements de mars 1943 étaient le fait de B17, bombardiers forteresses américains.

Par opposition aux bombardements britanniques qui se déroulaient la nuit, comme ceux de la nuit du 19 avril 1944, les bombardements américains avaient lieu en plein jour et visaient la gare de triage.

Face à ces bombardements répétés, le maire de Sotteville, Eugène Tilloy, fit évacuer la mairie : la nouvelle administration prit place dans l’enceinte de l’hospice civil (le CHBP).

Après les bombardements britanniques du 19 avril 1944, les écoles de Sotteville devinrent inutilisables.
Cependant, deux écoles ne furent que partiellement endommagées. La première, l’école Renan deviendra l’école de musique et une des ailes de la seconde, l’école Jean Jaurès, sera reconstruite à l’identique par les équipes d’architectes de Marcel Lods.

▲ Rue Marion, l’aile de l’école Renan

▲ L’aile de l’école Jaurès

Les élèves de l’école Bayard, quant à eux, furent installés, après-guerre, dans le château des Marettes.

Ce château, détruit en 1961 pour aménager la nouvelle place de l’hôtel de ville, a appartenu, entre autres, à William Buddicom fondateur des ateliers ferroviaires de Sotteville et à l’entreprise de maçonnerie Louis Ruquier.

▲ S’il existait encore, le château des Marettes serait au beau milieu de la place de l’Hôtel de Ville

À quelques centaines de mètres de sa situation d’origine, la nouvelle école Bayard sera construite par l’architecte Marc Alexandre, adjoint de Marcel Lods, en 1956.
L’architecte oriente le bâtiment nord/sud. Il emprunte la conception du bâti à l’architecture domestique de l’époque avec une toiture mono-pente que l’on retrouve sur certains pavillons dans le quartier. La volonté est de se fondre dans le paysage existant, de faire simple, mais de faire moderne, avec de grandes baies vitrées, un appareillage de pierre. La dernière salle du rez-de-chaussée ouvre sur une cour/jardin.

▲ L’école Bayard et sa cour

Une nouvelle voie est ouverte permettant l’accès à la nouvelle école Bayard : la rue Tiremberg.

▲ Nous avions déjà publié ce plan, où figurent les nouvelles rues (en vert), dont la rue Tiremberg

Le sergent major Tiremberg était un pompier sottevillais, cheminot à la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest et aussi conseiller municipal. Il s’est rendu, avec un détachement de 24 pompiers sottevillais, à Paris en 1871, pour éteindre les incendies, pendant la Commune.
L’effondrement du bâtiment de la Caisse des Dépôts et Consignation, en feu, a enseveli l’infortuné sergent major le 25 mai 1871. Seule sa tête sera retrouvée.

Pour une raison inconnue, son nom a été orthographié Thiremberg, avec un «h», sur les plans et plaques de rues durant des décennies. L’erreur est progressivement corrigée.

▲ Le monument du Sergent-Major Tiremberg, à l’entrée du cimetière de Sotteville

L’école de garçons Bayard comportait quatre classes, deux au rez-de-chaussée et deux à l’étage, le logement du directeur, un accueil et la cour de récréation.
Au premier étage il y avait un couloir, deux salles de classes et une petite salle pour le rangement. Les deux salles de classes avaient la particularité de pouvoir n’en faire qu’une, grâce à une cloison mobile.

Elle a été reconstruite avec les fonds des dommages de guerre ; le diocèse de Rouen la rétrocéda à la ville en 1968 à la condition que le bâtiment accueille la jeunesse.

C’est tout d’abord l’association « Loisirs Jeunesse » qui en prend possession en 1969, puis la « Maison des jeunes et de la Culture » en 1974 qui deviendra la Maison Pour Tous en 1978.

Un incendie criminel le 6 octobre 1976 a failli signer la disparition de ce bâtiment.

▲ Après l’incendie, le début de la reconstruction

C’est, de nouveau, Marc Alexandre, en collaboration avec l’architecte de la ville René Degenne, qui a dirigé les travaux de reconstruction de la MJC. Le premier adjoint au maire de l’époque, Jean Adret, a suivi les travaux chaque semaine avec bienveillance.

▲ L’autocollant de soutien à la MJC

Le 21 janvier 1978, la MJC reconstruite est inaugurée en présence de nombreuses personnalités.
Si l’accueil conserve les mêmes proportions, le premier étage a été réorganisé en un seul espace, celui que nous connaissons actuellement.

▲ La Maison Pour Tous aujourd’hui, côté accueil

▲ …et côté cour

5 commentaires

  1. j’ai été un élève de l’école Bayard d’octobre 1943 à juin 1951 . Je vous avais donné les renseignements sur cette période de ma vie et fourni deux photos . Vous aviez fait superbement présenté cet exposé comme d’habitude. À ma grande surprise aucun ancien élève n’a fait de commentaires, serai-je le seul survivant de cette époque, juste une élève de l’école Jeanne d’arc à rapporté ses souvenirs . Merci et mes compliments à vous

    • Bsoir Jean-Paul,
      Je me permets de vous écrire. Je fais des recherches sur la famille Falaise qui habitait rue de la République. Raymond, Blanche et les enfants Arlette et Claude.
      Sa vous dis quelque chose?
      Hervé

Répondre à Hervé Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.