Cet été 2023 a été marqué par la démolition du « Dépôt des locomotives » comme on le nommait jadis, ou simplement « Dépôt », voire « Dépôt historique » plus récemment.
Retraçons d’abord son histoire et celles des autres lieux de maintenance :
Les ateliers Buddicom se sont installés en 1845 près de la voie ferrée Paris-Rouen, ouverte deux ans plus tôt, pour construire et entretenir le matériel roulant. Les années suivantes, ils n’ont cessé de s’agrandir.
Pour compléter, le Dépôt des locomotives, qui nous intéresse aujourd’hui, a été construit en 1883 dans les prairies sottevillaises. Gravement touché durant les bombardements de 1944, le Dépôt a été entièrement reconstruit en 1948.
En 1913, il n’y avait plus de place pour étendre encore les ateliers existants. La décision a été prise de construire les Ateliers Quatre-Mares, un peu plus loin. Aujourd’hui, le « Technicentre Industriel Rouen Quatre-Mares » est spécialisé dans l’entretien des essieux, la réparation des nez de TGV et le démantèlement des engins en attente sur le « cimetière des locomotives ».
La désorganisation des ateliers Buddicom, causée par les démolitions de la Seconde Guerre Mondiale ne leur a jamais permis de reprendre une activité correcte. Ils ont définitivement fermé en 1991.
Plus récemment, c’est le Technicentre « Lignes Normandes » qui a ouvert en 2019 pour réparer, entretenir et nettoyer les trains des lignes normandes. Nous en l’avons déjà évoqué dans cet article.

Voyons maintenant l’évolution du Dépôt en trois photos prises sous le même angle depuis le pont d’Eauplet : avant-guerre, en 2015, puis en juillet 2023 pendant sa démolition. Il s’agit du bâtiment composé de quatre travées :



Et un zoom sur le Dépôt en cours de démolition :

Mais alors, pourquoi démolir ce bâtiment vieux de 140 ans ?
Après un dépôt de locomotives à vapeur, il a toujours été un dépôt d’autorails et de locomotives. Les engins de France étaient jusqu’en 2011 rattachés à un dépôt d’attache. La création des STF (Supervisions Techniques de Flotte) sans notion de dépôt d’attache, a fait rapidement partir la charge de locomotives à Longueau. Dans le même temps, leur utilisation Fret dans la région a quasi disparu. Aussi, les rames, de plus en plus longues, sont-elles devenues très difficiles à disposer dans un bâtiment construit pour des locomotives. L’arrivée des trains « Omneo Premium » longs, a scellé le destin de cet atelier désormais inadapté. Le tout nouveau Technicentre « Lignes Normandes » remplace donc le vieux dépôt qui ne servait plus…
Et surtout d’après ce que j’ai pu entendre il gênait pour faire la nouvelle ligne Paris Normandie !